"Bien sûr, on y va."

Il entrait dans le restaurant et je le suivis de près, histoire de ne pas me faire embarquer autre part. A l’intérieur, il y avait peu de monde, mais assez pour que je me sente mal à l’aise. Ce n’était pas pour rien que je vivais à l’écart. C’était non seulement pour cacher ma vraie nature mais aussi pour ne pas avoir à fréquenter beaucoup de monde… Je restais sagement derrière Ed tandis qu’il parlait. Je ne prêtais pas attention à ce qu’il disait, je restais fixée sur les regards tournés vers nous. Qu’est ce qu’ils nous voulaient tous, à la fin…
Ed me fis signe de le suivre et je le fis sans broncher. Je ne voulais pas trop m’éloigner, de peur d’être poursuivie déjà dès mon arrivée. Ce serait plus que de l’abus. On arrivait à une table pour deux et je m’assois doucement sur une des deux chaises, en m’efforçant à ne pas regarder autour de moi les gens qui semblaient avoir arrêté de nous regarder. Des chuchotements se laissaient entendre. Je pouvais en percevoir quelques uns mais n’y prêtais pas attention.

« C’est comment dire… Très angoissant… »

Je ne savais pas comment qualifier l’ambiance présente entre les murs du restaurant, mais c’était tout sauf rassurant. Je fis quand même un léger sourire quand le serveur amena les menus. Je ne savais pas quoi choisir, je ne savais pas tellement ce que les mots cachaient comme nourriture puisque j’avais l’habitude de voler la nourriture sans prendre la peine de regarder son nom, c’était peine perdue.

« Je prendrais la même chose que toi pour ne pas te faire trop payer. »

Je fis de nouveau un léger sourire puis posais à côté de moi le menu. Je n’en avais pas besoin puisque j’avais fais mon choix d’avance. Les chuchotements autour de nous s’étaient tuent lorsque la porte du restaurant s’ouvrit à nouveau pour laisser entrer un homme à la carrure imposante…

"Je disais, tu veux quelle cuisson pour ta viande? Bleu, à point, saignant, bien cuit?"

J’essayais de me reconcentrer sur la discussion en cour, mais pas moyen de m’y faire, la présence de cet homme à la table à côté de la notre mettait la totalité de mes sens en éveil. Je fini quand même par répondre à Ed, en essayant d’être la plus normale possible, je ne voulais pas qu’il nous fasse partir d’ici juste à cause du fait que je me sentais mal à l’aise.

« Saignant… Je préfère. »

Le serveur partit avec la commande et j’attrapais rapidement une des pailles présentes sur la table pour m’énerver dessus. Je la tordais, faisais des nœuds avec, et je la mordais, dans le simple espoir de me calmer, mais il n’y avait aucun moyen. Je gardais un œil sur cet inconnu, mais il semblait tellement calme, avec le menu en main, que je me demandais si je ne me faisais pas de fausses idées à son sujet.

« Désolée d’être aussi absente… »

Je relevais mon regard vers Ed et posais doucement la paille toute déchiquetée sur la table, croisant mes doigts entre eux pour ne plus rien broyer ici.

"Je ne vais pas te forcer à me raconter cette histoire... Par contre, si je comprends bien, il s'agit juste d'un témoin gênant. Tu veux que je m'en charge?"

Je relevais la tête rapidement pour le regarder quand j’entendis ces mots qu’il avait prononcé sans aucune froideur cela dit. Je restais un moment silencieuse, me contentant de fixer ses pupilles. J’étais contre les assassinats, autrement il serait déjà mort d’une façon ou bien d’une autre, cet homme qui savait ce que j’étais exactement.

« Non… Je suis contre ce genre de chose… tant qu’il ne dit rien, ce n’est pas la peine… »

D’accord, j’étais intimidée par l’inconnu. Mais ce n’était pas une raison pour le faire taire. Après tout, il n’avait encore rien faire depuis son arrivée. Rien fait à part me foutre une peur bleue… Je me forçais de sourire au serveur lorsqu’il apporta les deux plats qu’Ed avait commandés. Pour une fois, j’avais franchement envie que le déjeuné passe rapidement, ou bien que l’homme parte avant nous…

C’est à ce moment là que je ne compris pas tellement ce qui se passait. Plusieurs hommes entraient en même temps dans le restaurant, et l’inconnu se mit à sourire bêtement. Sans chercher à comprendre, je me levais rapidement sans rien dire et partis vers les toilettes où je m’enfermais. J’en étais sure et certaine, ils étaient là pour moi, ils savaient tous ce que j’étais exactement et ils voulaient soit me tuer, soit m’emmener dans je ne sais quelle animalerie…

Je m’étais déjà faite à l’idée de remplir enfin mon estomac, mais apparemment, ce ne serait pas encore pour aujourd’hui. Qu’est ce que j’avais bien pu faire aux gens pour être menacée comme ça bon sang… Quand j’avais vu entrer tout ces hommes dans le restaurant, je n’avais même pas pris le temps de réfléchir à la cause de leur venus, rien que le fait de les voir si nombreux me faisait peur, et j’étais rapidement partie vers les toilettes, en laissant Ed tout seul. J’aurais peut être du lui dire quelque chose avant de partir, mais dire quoi ? Que j’avais peur ? Je pense qu’il le comprendrait facilement.

J’entrais dans une des cabines de toilette, celle tout au fond, et je la fermais rapidement derrière moi en soupirant, me laissant tomber sur le sol. Ce n’était vraiment plus possible ce genre de vie. J’avais constamment l’impression d’être suivie, les policiers venaient déjà souvent dans le cimetière, alors si maintenant je suis poursuivie même en pleine ville alors qu’il y a toujours un monde fou dans les rues, je ne donne pas cher de ma peau. Mais pourtant je me sentais honteuse d’avoir laissé Ed tout seul dans la salle du restaurant. Au bout de cinq minutes je me relevais et ouvris la porte pour sortir doucement des toilettes.

J’avançais vers la salle du restaurant en restant quand même cachée, et au moment d’entrer dans la salle en question, je m’arrêtais en voyant qu’Ed parlait à l’un des hommes qui était rentré. Ils se connaissaient ? Comment est ce que je pouvais faire confiance maintenant ? Comment savoir s’ils me voulaient tous du mal…

« Je suis vraiment idiote… »

Je recule doucement mais bouscule un serveur qui renverse son plat sur moi. Cela fait un boucan impossible et je m’enfuis de nouveau vers les toilettes en jetant un regard noirs au groupe de personne dans la salle de restauration.

J’étais retournée me réfugier dans les toilettes des filles. Comment est ce que j’avais pus penser une seule seconde que quelqu’un qui travaillait avec l’armée pouvait aussi apprécier les hybrides à leur juste valeur… J’avais vraiment été idiote pour ce coup là. Pour une fois que je pensais vraiment m’être lié d’amitié avec quelqu’un de confiance, je ne pouvais plus dire la même chose maintenant que je l’avais vu discuter avec ces hommes.

« Tu ne risques plus rien, ils sont partis... Je vais t'expliquer la situation si tu veux m'écouter... »

Je fus surprise d’entendre la voie d’Ed à travers la porte. Je m’immobilisais sur le coup, essayant de trouver une solution pour, soit partir sans rien dire, soit l’écouter mais n’y prêter aucune attention. Je savais qu’il était plus fort que moi et qu’il pouvait facilement me maitriser si j’essayais de le mordre en dernier recours, mais je devais peut-être tenter le tout pour le tout maintenant… Je lâchais un léger soupire et ouvris légèrement la porte, de façon à ce que je puisse mieux l’entendre, et je retournais m’assoir à côté de celle-ci.

« Parle autant que tu veux… »

Je n’en revenais toujours pas d’avoir été si crédule, moi qui m’étais jurée de ne jamais me faire avoir, quitte à me mettre à tuer les personnes qui me voulaient du mal.

J’étais retournée m’assoir près de la porte. J’avais accepter d’écouter ses explication, mais j’étais franchement vexée, et je me sentais idiote d’avoir fais si facilement confiance à quelqu’un alors qu’il c’était passé ça il y a quelques minutes. Je repliais les jambes contre moi et posais ma tête sur mes genoux en soupirant. Manquait plus qu’il veuille m’attraper.

"Je ne sais pas ce que tu as pu croire, mais... Il est clair et net que jamais je te dénoncerais. Cet homme avec qui j'ai parlé... Enfin, si on peut dire parler... Bref, c'est le colonel Roy Mustang. Il a beau être mon supérieur, jamais j'obéirais à ce fils à papa qui ne doit son rang qu'à ses liens de famille... Je le hais, tout simplement. Et j'essayais de lui faire comprendre qu’il n’avait rien à faire ici. Surtout parce que je ne voulais pas qu'ils mettent la main sur toi."

Il y eu un petit moment où personne ne parlait, je n’osais rien dire et il semblait chercher ses mots. Je tournais la tête vers la porte, mais je ne le voyais pas. La porte était trop peu ouverte. Il se remit quelques secondes après à parler, continuant ses explications soigneusement. J’avais l’impression maintenant de m’être totalement trompée…

"Si j'avais voulu te balancer, je l'aurais fait bien plus tôt, je n'aurais pas attiré ta confiance... Et de toute manière, jamais je ne dénoncerais un hybride. Par principe, mais aussi car mon meilleur ami... est un hybride pourchassé par l'armée. Et c'est moi qui l'aide à fuir l'armée. Moi, qui devrais être son pire ennemi..."

Je lâchais un léger soupire en me rendant compte que je m’étais trompée et qu’apparemment j’avais eu raison de lui faire confiance… Je me relevais lentement et me dirigeais vers la porte pour l’ouvrir la tête basse. J’avais peur de retourner dans la salle de restauration, mais j’avais encore faim, alors bon.

« Je suis désolée d’avoir réagis comme ça… J’espère que tu ne m’en veux pas… Mais en même temps j’avais tout les arguments pour avoir peur, je n’ai juste pas réfléchis… Désolée, franchement. »

Je croisais doucement les bras en gardant la tête basse. Je n’avais rien d’autre à ajouter maintenant mais peut être que lui voudrais me dire quelque chose avant que l’on retourne dans la grande salle. Peut être voudrait il me sermonner, ce que je comprendrais si c’était le cas. J’avais vraiment fais l’idiote.

"C'est rien, je comprends... Je ne t'en veux pas. C'est plutôt à moi de m'excuser, j'aurais dû d'abord t'avertir sur ces personnes avant d'aller parler avec... Enfin, on ne va pas rester éternellement sur ça... Peu importe ce qui se passera, tant que tu seras avec moi, je te protègerais de ceux qui tentent de te faire du mal."

Je le laissais parler sans rien dire. De toute façon, qu’est ce que je pouvais dire ? C’était moi qui était en tord, lui n’avait fait qu’assister à la scène, et je ne lui avais même pas laissé le temps de réagir avant mon départ. Je restais en face de lui, toujours silencieuse, et je fis un pas en avant. J’avais faim mais je ne le montrais pas. Mon estomac me torturait d’une façon inouïe mais je n’y prêtais pas attention.

"On retourne à notre table? Il ne faudrait pas que tu gardes l'estomac vide trop longtemps, ça pourrait t'être néfaste..."

« Je ne sais pas… Je n’ai plus tellement faim… Et si je retourne dans la salle tout les gens vont me regarder… Je suis mal à l’aise… »

Je baissais doucement la tête en m’efforçant de garder un petit sourire, qui ne signifiait rien pour moi mais je ne voulais pas qu’il s’inquiète de ma santé. Après tout je n’étais qu’un sous être, un hybride quoi. Si je ne mangeais pas aujourd’hui, c’était comme ça, je devrais juste trouver le moyen de le rembourser pour ce qu’il à voulu m’offrir.

"Au juste, j'y repense un peu, tu ne m'as pas posé de questions sur qui était mon ami hybride dont je t'ai vaguement parlé... Tu n'as pas envie d'en savoir plus, au cas où un jour tu le croiserais?"

Je le suivais jusqu’à la salle du restaurant tout en l’écoutant. Je n’avais pas tellement fais attention au fait qu’il ait mentionné cet hybride avant, mais maintenant qu’il en parle, je serais curieuse de savoir si lui et moi étions vraiment le même genre d’ « hybride » à proprement parlé. Je tournais légèrement la tête vers lui et sans le regardais je cherchais quelque chose à répondre.

« Heu… Ben, oui vas y, parle moi de lui, mais je ne pense pas qu’on soit du même genre… Je ne sais même pas pourquoi je fuis moi, en fait, je n’ai encore rien fait de mal. »

C’était vrai ça, puisque mes victimes je les prenais déjà morte. C’était soit ça, soit les animaux, et je ne pense pas qu’on veuille ma mort pour avoir tué de petits rongeurs sans intérêts. Enfin bref, c’était peut être le cas, ou bien tout simplement parce que j’étais une hybride, c’était plausible aussi. Je m’assis de nouveau à la table sans faire attention aux gens qui me regardait. En fait je ne savais pas si on me regardait réellement, c’était une impression presque constante.

«Les êtres humains sont parfois stupides, tu sais... Mon ami dont je te parlais est un hybride Hebi. Précisément, il est hybride du mamba vert, un serpent au venin mortel. On s'est engagés en même temps dans l'armée... Sauf que lui est parti au bout de trois ans à cause d'un incident. Au cours d'une bagarre, il a perdu le contrôle de ses nerfs et a mordu par accident la personne contre qui il se battait... Il l'a sauvé à temps, mais ça n'empêche qu'il se retrouve traqué par l'armée depuis deux ans... Et en plus, la personne qui dirige cette vendetta refuse d'accepter ses excuses... »

On s’était tout les deux assis à la même table entre temps, et les plats étaient toujours à table, mais ils devaient surement être froid maintenant, vu la crise que je venais de faire en voyant entrer les soldats. Je n’ai pas tellement le sens du temps, mais il devait s’être passé de bonnes longues minutes avant qu’on soit à en arriver là. Mais je ne fis pas ma coquette et je pris ma fourchette pour commencer à manger petit bout par petit bout. L’hybride dont il me parlait était vraiment différent de moi, enfin en quelque points, pas partout. Il fuyait les humains en temps normal, comme moi quand ils savent ce que je suis. Mais moi je n’ai encore tué personne. Et je ne le ferais surement, enfin je l’espère, jamais.

« La plupart des humains sont vraiment des imbéciles… Si j’avais su qu’ici c’était encore pire que d’où je viens, jamais je n’aurais accepté le pacte de ma famille… »

C’était vrai que ce pacte, je l’avais signé un peu de force. En même temps quand on est tout juste majeur comme je le suis, on n’a pas tellement le choix. C’était soit ça, soit « autre chose ». Je ne commenterais rien à ce sujet, mais c’est toujours plus affreux qu’ici. Je mangeais toujours en silence, la viande était froide et plus saignante du tout, c’était limite immangeable… Mais je ne faisais pas la difficile, pour une fois que je mangeais quelque chose, que ça soit chaud ou froid, ce n’est qu’une question de goût.