Il m’avait posé un ultimatum en me proposant soit me prendre la main soit me porter pour passer entre la foule. J’avais rapidement opté pour lui tenir la main, pensant que comme ça, je ne m’engageais à rien. On m’avait souvent dit quand j’habitais encore avec mes semblables qu’il ne fallait jamais faire quelque chose qui pourrait trop en dire sur le futur. C’est pour ça que je préférais amplement faire le minimum, même si ce n’était pas sur qu’il ait le même genre d’idée en tête que moi. Je sais, je suis parfois considérée comme « folle », mais que voulez vous, quand on vit dans un cimetière, on n’a pas tout le temps les idées claires. Il prit alors ma main, comme il était convenu.

"T'as sans doute raison… On y va?"

Je hochais doucement la tête avant de me mettre à avancer. La foule était vraiment dense, et j’avais du mal à rester près de Sirius, mais en aucun cas je ne lâchais sa main. Je me surpris même à un moment de la serrer un peu plus, pour ne pas le perdre une nouvelle fois. Le magasin n’était plus qu’à quelques mètres de nous et je réussis avec plus de mal que de bien à me mettre à ses côtés. Je fis un léger sourire et lâchais un soupire.

« Pourquoi les gens s’entêtent à passer par ici alors qu’il y a deux fois plus de place de l’autre côté… Moi tout ce sang… »

J’avais baissé le timbre de ma voie sur les derniers mots, en priant qu’il n’ait pas entendu ce que j’avais dis. Non, c’était fichu, il allait se douter de quelque chose maintenant… Je n’avais pas réussis à me taire, c’était bien trop beau d’avoir réussi jusqu’ici… Il faut vraiment que j’apprenne à ferme ma grande bouche parfois… Je me mordais doucement la lèvre et repris un nouveau sujet de discussion le plus rapidement possible, en espérant qu’il oublie aussi vite qu’il l’ait entendu.

« C’est quels genres de films que tu fais ? »

La question de secours, qui m’intriguait aussi il fallait l’avouer. Je savais qu’il faisait du cinéma, mais je ne me souviens pas qu’il m’ait dit dans quel genre de film, après peut être que j’ai oublié… Puisqu’avant je le prenais seulement pour un pigeon de passage… Maintenant, je pense que ce n’est plus pareil, mais en même temps peut être que moi aussi je suis une sorte de pigeon pour lui, je ne pouvais pas savoir, il n’étais pas du genre bavard, et ça pouvait parfaitement se comprendre.

Il n’avait pas relevé les paroles que j’avais dites, comme quoi tout le sang qui passait dans les veines de gens présents sur le trottoir me donnais des envies meurtrières, des envies que je ne peux pas satisfaire, non seulement parce qu’il y avait beaucoup trop de monde, mais aussi parce que je m’étais jurée de ne jamais retirer la vie d’une de mes victimes. Je les prends toutes déjà morte, ou sur le point de mourir. Enfin, j’étais contente qu’il ne relève pas mes paroles, je ne voulais pas fuir encore une fois, et puis je ne pouvais pas surtout, pas avec ma faiblesse à cause de ma faim « humaine ».

"C'est un genre assez particulier, qui peut attirer pas mal de fans si l'on sait comment bien le tourner. Je fais des films gores. Tu sais, ces films très... sanglants... ♪"

Ah, voilà la réponse que j’attendais. Au moins maintenant j’étais à peu près certaine qu’il n’avait pas fais spécialement attention à ce que j’avais dis avant, je pouvais souffler de tranquillité. Par contre, sa réponse me laissait perplexe, surtout quand il prononçait le dernier mot… « Sanglant ». Ce mot me fis frémir et je fermais les yeux un moment en déglutissant. C’était un frémissement agréable, au point de me donner envie de boire du sang… Soit il avait compris et il faisait exprès, soit il était totalement inconscient de ce que je pouvais être, et il vivait vraiment son rôle à fond.

« C’est… Intéressant comme métier… »

Je ne trouvais pas d’autre chose à dire, en même temps, si je disais plus de chose je serais encore suspecte une nouvelle fois. Je me contentais de lâcher un nouveau soupire, et mon estomac émis encore une fois un grognement atroce pour moi. C’était à peine si mon estomac me faisait mal tellement il était vide, mais je devais tenir. Je trouverais bien quelque chose à manger après que Sirius m’ait acheté la tenue qu’il m’a promise. On arrivait enfin devant le grand magasin, et je m’arrêtais à côté de lui, toujours ma main dans la sienne, à vrai dire je n’y faisais plus attention. Je n’osais pas passer devant pour entrer, j’avais peur de tomber encore une fois sur des personnes moqueuse, et sans pitié… Et peut être qu’avec ma faim, je ne pourrais sans doute pas me retenir de mordre…

On entrait donc dans le fameux magasin. Je n’avais pas osé passer la première, car je savais que les gens avaient la fâcheuse habitude de juger sur la première vision de la personne qu’ils rencontraient. J’aurais donc été immédiatement expulsé de cet endroit, que je sois avec Sirius ou non. Il ouvrit la porte et je le suivis en silence. Un autre homme s’avançait vers nous une fois que nous nous fûmes avancés un peu plus vers le centre du magasin. Il était plus grand que moi lui aussi, et un peu plus grand que Sirius lui-même. Comme quoi je me sentais vraiment petite ici. Il souriait à Sirius, mais ne semblait pas m’avoir remarqué. Tant mieux, je n’étais pas vraiment là pour ça…

"Monsieur Pirahn, quel honneur de vous revoir ici. Cela faisait un moment que nous nous demandions si vous comptiez revenir..."

"Je reviens toujours ici, devriez le savoir depuis le temps. Cette fois, je viens pour acheter quelques habits à la demoiselle ici présente. Quelque chose de résistant, mais pas trop voyant histoire qu'elle ne se fasse pas attaqué, vous voyez?"

Je me contentais d’écouter, du moins jusqu’à ce qu’il me montre à ce vendeur. Là, je me sentis légèrement honteuse, mais ce n’était pas dans mon caractère de le montrer aux inconnus. Je relevais la tête pour fixer de mes yeux rouge vifs cet homme, en lui souriant légèrement, histoire de lui faire comprendre qu’il n’y avait pas de pitié à avoir de moi. Je sentais la main de Sirius me lâcher au fur et à mesure que le temps passait, et je le laissais faire. Je ne voulais pas qu’il y ait une mauvaise image de lui dans ce magasin juste parce qu’il traine avec une fille comme moi.

"Bien sûr, je vois très bien. Mademoiselle, si vous voulez bien me suivre..."

Je tournais la tête pour regarder Sirius, cette fois j’avais totalement lâché sa main. Je ne répondis pas et suivis en silence le vendeur. J’avais l’impression que l’ambiance avait changée depuis tout à l’heure. Avant qu’on entre ici, c’était beaucoup plus détendu… Je n’aimais pas les manières qu’adoptait cet homme. C’était comme s’il fayotait pour vendre plus. Et c’était franchement écœurant. Il me conduit jusqu’à plusieurs rayons consacrés apparemment que pour les femmes, mais je ne regardais pas les vêtements. Je le laissais choisir, de toute manière je n’allais pas m’habiller de dentelles et de soie. J’avais juste besoin d’un haut, et d’un pantalon ou une jupe, histoire d’être habillée « normalement ».

« Ceci vous plait il mademoiselle ? »

Je relevais doucement la tête pour regarder ce qu’il me proposait. Un ensemble du type écolière. Je regardais la tenue sans rien dire, preuve de mon dégout pour cette tenue. Je sais bien que j’avais l’air jeune, mais porter une tenue comme celle-ci, c’était légèrement abusif.

« Bon… Je vais voir si je vous trouve autre chose dans ce cas… Restez ici je reviens. »

Je le laissais partir et je m’appuyais doucement contre un mur en soupirant. Pourquoi ne me proposait il pas, je ne sais pas moi, un haut uni et un jean banal ? Non, ce n’était surement pas dans leurs moyens... Et il était où, Sirius, pendant ce temps là ?...

Ce qu’il pouvait m’agacer, cet homme avec son air de noble… Et dire que si j’avais choisie de rester dans ma famille j’aurais ressemblé à ça. C’était presque écœurant. Je restais appuyée contre le mur en attendant que ce bon jeune homme veuille bien m’apporter une tenue qu’il penserait m’aller à merveille. Le plus amusant, c’était qu’il ne connaissait ni mes goûts en matière de vêtements, ni ma couleur préférée, mais il espérait quand même trouver quelque chose qui me plaise. Cette pensée me fit légèrement sourire, c’était tellement ridicule. Je regardais doucement autour de moi, mais je ne voyais toujours pas Sirius trainer dans les parages. J’aurais pensé tout autre chose de la « sortie magasin ». En réalité, je pensais qu’on allait tout d’abord me laisser choisir moi-même, et puis peut-être qu’il pouvait me donner son avis aussi… Mais bon, ce n’était pas le cas, tant pis !

« Voilà mademoiselle, regardez ce que j’ai là. Je trouve que cela convient tout à faire à votre… genre. »

Il avait dit ça avec un tel dégoût de ma personne, que je lui jetais un regard noir. Apparemment il ne l’avait pas remarqué et tant mieux, puis il me tendit la « tenue » qui m’était soit disant « appropriée ». Une petite jupe en jean et un débardeur blanchâtre, avec à porter au dessus une belle veste en cuir noir. Ce n’était pas moche. Ca me plaisait en fait. Je lui fis un léger sourire, sourire à la fois de remerciement et de moquerie. Je pris la tenue et le jeune homme me guida vers les cabines d’essayage.

« Vous voulez que je vous ai… »

« C’est pas la peine, merci. »

Je refermais le rideau derrière moi et je lâchais un grand soupire. Franchement, je n’aimais pas les gens dans ce genre là : snob. Je n’eus pas de mal à retirer mes vêtements crasseux et amoché, et j’enfilais ensuite rapidement la tenue que l’ont m’avait proposé. Je me sentais bien dedans. Enfin, c’étais toujours mieux que les haillons. Je me regardais rapidement dans le miroir et je vis que ma peau, elle non plus, n’était plus très propre. Il fallait que je pense à aller me baigner cette nuit dans le lac, histoire de changer un peu la couleur crasseuse…

« Vous avez fini mademoiselle ? »

Je ne répondis pas et me contentais de sortir sans rien dire. Je garderais cette tenue sur moi de toute manière, je n’avais plus besoin de me changer. Une tenue était une tenue, tant qu’elle n’était pas trop voyant ni trop ridicule, ça m’allait. Le vendeur me regardais avec un grand sourire, et je me doutais bien que ce n’était pas parce que la tenue était belle sur moi, mais plutôt parce que le prix était de mise aussi. Je regardais rapidement l’étiquette qu’il y avait sur la veste que je portais, et je me mordis la lèvre en voyant la somme. Je laissais le vendeur en plan pour partir à la recherche de Sirius. Ce n’était pas possible qu’il me paye des vêtements valant autant.

Je finis par le trouver, en le bousculant -encore-. Décidément, j’en avais un peu marre de tout le temps lui rentrer dedans… Je levais les yeux pour le regarder.

« Je ne veux pas que tu me payes des vêtements aussi cher ! »

Je faisais légèrement le tête lorsque je vis le vendeur venir me proposer la paire de chaussure qui allait avec la tenue que je portais. Mes chaussures actuelles étaient encore très bien, et vu le prix des vêtements je ne voulais pas savoir le prix des chaussures.

"C'est bon, ça va aller je pense, laissez-la choisir si elle veut ou non. Et oui, tu peux prendre tout ce que le vendeur t'a proposé, ce que tu portes. Après, c'est toi qui vois..."

Je tournais la tête vers Sirius, qui semblait être encore une fois amusé par mes réactions un peu brusque. C’était vrai que je devais ressembler à un vrai phénomène de foire lorsque je me mettais en colère et que je voulais, ou pas quelque chose. C’est ce qu’on appelle être têtue, non ? Et bien c’est tout moi, je suis têtue comme une mule. Quand j’ai une idée en tête, bonne chance pour me la retirer.

« D’accord… Dans ce cas je veux bien les vêtements, mais pas les chaussures ! »

« Bien sur mademoiselle, c’est vous qui décidez. »

Je fis un léger sourire et soupirais lorsqu’il fut partit pour passer en caisse tout les codes barres de mes vêtements. Je regardais de nouveau Sirius, me demandant si j’étais vraiment passée pour une têtue. Je finis par tourner la tête pour me forcer à penser à autre chose. Penser à… Manger ? Oui, parce qu’avec tout ça, j’avais encore plus faim que tout a l’heure, et mon estomac se laissait facilement entendre, contre mon grès.

« Désolée, j’ai un peu faim et lui semble pas très content. »

Je montrais mon ventre en souriant un peu. De toute façon je ne pouvais rien faire d’autre tant que le vendeur ne nous appellerait pas pour payer les vêtements.

Je le vis payer les vêtements. Je restais derrière lui et attendais de voir ce qu’on allait faire ensuite.

"Non, ce n'est rien, j'ai déjà dépensé au moins dix fois plus que ça, tu sais... Et puis, ce n'est pas ça qui va me ruiner, ne t'inquiète pas."

Je souriais légèrement, pour faire semblant de ne pas paraître inquiète, mais je l’étais. Enfin, comme toute personne normale qui venait de faire dépenser une certaine somme à une autre personne sans vraiment la connaitre. En fait, j’étais peut être un peu normale dans un sens ?… Ce n’était pas vraiment très possible mais bon.

« Nous allons où maintenant ? Tu m’as payé des vêtements, c’est très gentil de ta part… Je ne préfère pas te déranger plus, tu dois retourner travailler ? J’avais quelque chose à t’avouer… »

Je n’avais jamais parlé aussi vite de toute ma vie, et je n’avais pas envie de répéter alors s’il n’avait pas compris, je lui dirais de laisser tomber, que ça n’était pas si important que ça tout compte fait. Il était peut être même trop tôt pour avouer ? Peut être que je ne devrais peut être pas tout lui dire… Je restais immobile devant lui dans le magasin. Je ne sentais plus tellement les regards des gens présents dans la boutique, peut être grâce aux nouveaux vêtements, je ne sais pas, mais ça soulageait franchement en tout cas.

J’avais vraiment l’impression que la journée était passée à vitesse grand V. Le temps de trouver quelqu’un pour m’acheter des vêtements m’avait paru très court, mais ensuite lorsque Sirius m’avait directement proposé ce que je souhaitais, sans qu’il le sache, tout c’était passé à une vitesse folle… Dont le fait que je me sois en quelques sortes liée d’une certaine amitié avec lui. C’était nouveau pour moi, je ne savais pas tellement comment réagir à cela, mais en tout cas si ça pouvait me faire quelqu’un avec qui je pouvais me confier, j’en serais fier de le garder près de moi, ou en tout cas pas très loin en cas de besoin personnel, que ce soit lui qui ait besoin de moi, ou bien l’inverse. Mais je ne le lui dirais pas. C’est beaucoup trop de choses à dire avec les choses que je dois déjà avouer. A propos de tout les mensonges faits au début de la journée. En réalité globalement il n’y en avait qu’un, mais c’était un si gros mensonge pour moi maintenant… J’avais presque envie de me défiler, mais Sirius me pris de court.

"J'te l'ai déjà dit, tu me déranges absolument pas du tout. En ce qui concerne ce que tu veux me dire, bien que j'sais pas de quoi il s'agit, je pense qu'il vaudrait mieux aller dans un coin où personne ne risque de nous écouter. J'ai parfois tendance à me méfier des gens 'normaux' qui peuvent être de vraies langues de vipères..."

Et voilà, dans quoi est ce que je m’étais encore fourrée. J’aurais très bien pu ne rien dire et ne plus recommencer, en tout cas avec lui, mais non, il avait fallu que je lui dise que j’avais quelque chose à avouer, et en plus je lui ai dis deux fois, histoire de bien lui rappeler de ne pas oublier… Comme si c’était une histoire de vie ou de mort… Le mot « normal » me titilla l’esprit. Pourquoi parlait-il des gens normaux ? Savait il que je ne l’étais pas moi-même ? Ou bien est ce que lui ne l’était pas ? Je ne relèverais pas, mais c’était quelque chose qui m’intriguait… Je hochais enfin la tête pour lui dire oui, et je me dirigeais vers une petite ruelle. Nous étions passés devant tout a l’heure, quand il m’avait retrouvé, et j’avais remarqué qu’on pouvait facilement s’enfuir en montant sur les caisses de boit qui s’empilait jusqu’à l’issue de secours faite en fer, qui menait surement jusqu’au toit. L’escalier était cassé, mais si je devais m’enfuir, un peu de sport ne ferait pas de mal.

« Tu es certain de vouloir savoir ?... Parce que c’est très gênant… »

C’était gênant parce que je ne savais pas le formuler mais aussi parce que depuis que je suis près de lui, je n’ai encore jamais réussi à filtrer le moindre de ses mouvements, ou encore de ses pensées. Je n’arrive pas à le cerner et c’est pourquoi je ne sais pas comment il va réagir, autrement ce serait bien plus simple de tout avouer. J’avais peur et je me contentais de serrer les poings dans les poches de ma veste en baissant légèrement la tête pour voir un cailloux et donner un petit coup de pied dedans en avançant vers le bout de la ruelle, là où les caisses de bois étaient empilées.

Il semblait plutôt bien réagir à ce que je venais d’avouer. Après, peut-être n’avait il pas comprit tout les mots, comme j’avais parfois parlé plus bas. Enfin bref… Je restais quand même à une distance respectable de lui, au cas où il aurait quand même décidé de me poursuivre en apprenant ce que je souhaitais faire au début de notre rencontre.

"C'est sans doute pour ça que mon instinct me disait d'être méfiant au départ. Mais bon, j'y ai pas fait très attention... Tu sais, j'ai dit qu'il y a une chose que je ne veux pas que les gens apprennent."

Il ne disait rien de plus sur ma révélation ? J’étais assez étonnée mais je n’en fis rien. Je me contentais de croiser les bras en baissant légèrement la tête pour apercevoir le sol. Je ne savais pas tellement ce qu’il avait à m’avouer lui aussi, mais j’avais comme une boule dans l’estomac qui me donnait un mal être assez impressionnant. C’était complètement différent de la gêne que j’avais ressentit dans le magasin de vêtement, mais c’était quand même une sensation de déjà vu que je n’appréciais pas beaucoup. Il remontait doucement les manches de sa veste et je vis que ses bras étaient couverts de cicatrices, de piqûres et de morsures. Je cachais mon visage à la fois troublé et horrifié. Ces morsures ressemblaient assez fortement à celles que je créais lorsque je mordais quelqu’un.

« ... Je ne suis pas humain. Plutôt, j'le suis plus. C'est une longue histoire. »

Je quittais du regard ses bras pour remonter à son visage. Il avait baissé le sien comme s’il était honteux de quelque chose. Mais de quoi ? Je m’approchais doucement et passa avec autant de précaution mes doigts sur les différentes blessures sur un de ses bras. Elles semblaient assez anciennes, mais jamais elles ne partiraient… Voir tout ça me donnait les larmes aux yeux. Pourquoi ? Autant ne pas me le demander. Je suis incapable de me répondre à moi-même. Je retire ma main de son bras et soupire un peu pour ravaler mes larmes.

« Moi qui pensais que tu était un banal humain… »

J’émis un petit rire nerveux. J’étais à la fois apeurée mais aussi soulagée. Au moins, on pouvait dire qu’il me comprendrait en certain cas. J’étais curieuse de savoir l’histoire de sa transformation, mais je n’osais pas demander. Après tout il en avait déjà dit beaucoup comme ça. J’avais envie de rester près de lui comme ça, mais je ne voulais pas m’imposer. Je reculais donc de quelques pas pour me retrouver le dos contre une caisse de bois. Je m’y appuyais et soupirais.

« Maintenant on est quitte niveau révélation… »

"Oui, j'pense qu'on est quitte... Mais j'voudrais que tu répètes à personne ce que je suis réellement. Je refuse de retourner dans une cage."

Mes larmes avaient rapidement séchées, comme d’habitude d’ailleurs, et je relevais la tête pour le regarder. Il ne voulait pas que je dévoile ce qu’il était, c’était compréhensible. Je n’aimerais pas non plus d’ailleurs qu’il dévoile mon identité. C’était vrai que je n’avais tué personne, mais lorsqu’un cadavre était retrouvé vide de sang, c’était toujours moi qu’on regardait. Parce qu’on ne me voyait pas souvent en ville, que les gens ne savent pas où j’habite pour la plupart, et en ensuite, je ne me laissais pas suivre facilement.

« Je ne dirais rien, mais toi non plus tu ne dois rien dire. C’est assez difficile pour moi de passer pour une humaine, tu dois comprendre ce que je veux dire. Même si toi tu as tout les traits des humains en apparence… »

Je captais que j’avais encore ma main posée sur son bras et je la retirais rapidement. Je ne voulais pas qu’il pense que je commençais à m’attacher trop vite à quelqu’un que je connais à peine. Je ne suis même pas certaine de lui avoir dit comment je me nommais. Je lâchais un soupire et tournais les talons pour aller m’assoir sur une caisse de bois. Qu’est ce que je pourrais bien faire maintenant ? J’avais faim, c’est vraiment le cas maintenant…

« Ton offre pour déjeuner tiens toujours ?... »